Nanisme et gigantisme dans les îles de la Méditerranée au cours du Quaternaire

Durant le Quaternaire (2,58 millions d’années), les îles de la Méditerranée ont été habitées par des mammifères terrestres, aujourd’hui disparus. Il s’agit en particulier des éléphants, hippopotames, cerfs, quelques rares antilopes, musaraignes et rats. Leurs affinités avec les mammifères d’Eurasie montrent qu’ils viennent sans conteste du continent. Mais ils sont différents de leurs ancêtres, d’abord par leur taille beaucoup plus petite pour les uns ou plus grande pour les autres (rats et musaraignes). En d’autres termes, les îles fabriquent des nains ou des géants. La réduction de la taille et du poids des grands mammifères est expliquée par la surface limitée des îles, la rareté des ressources et l’instinct de survie d’une population. En revanche les arguments sont ténus pour expliquer l’augmentation de la taille des petits mammifères.

Dans cet exposé, j’ai voulu passer en revue nos connaissances sur les mammifères terrestres qui ont peuplé les îles de la Méditerranée au cours du Quaternaire. Mon but est de discuter des hypothèses sur les modes de peuplement de ces îles. Pour certains auteurs, le peuplement de ces îles par les mammifères terrestres se fait lors des périodes de rattachement de ces îles aux continents alentours par des ponts terrestres; pour d’autres, il s’agit essentiellement de mammifères capables de nager qui atteignent les îles en franchissant des barrières marines de plusieurs dizaines de miles. Une autre question tant discutée par les chercheurs concerne les causes de leur extinction. En effet, à la fin du Pléistocène, vers dix mille ans BC, la plupart de ces mammifères disparaissent sans laisser de descendants. Pour certains auteurs, les causes de leur disparition sont naturelles (montée du niveau marin, réduction de la superficie des îles, sécheresse et raréfaction de la nourriture…), tandis que pour d’autres, le principal responsable de la disparition des mammifères de ces îles est l’homme qui par une chasse intensive a fini par les exterminer.

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