La soutenance se tiendra au Muséum national d’Histoire naturelle (Jardin des Plantes, amphithéâtre Rouelle)

Nicolas Gentis

Évolution de la végétation et du climat de la baie du Bengale au cours du Cénozoïque : apports de l’étude du bois fossile

Composition du jury :

  • M. Jakub Sakala,  Univerzita Karlova, Prague - Rapporteur
  • Me. Séverine Fauquette, ISEM, Montpellier - Rapportrice
  • M. Hans Beeckman, Musée Royal de l’Afrique Centrale, Tervuren - Examinateur
  • Ms. Nareerat Boonchai, University of Florida, Gainesville - Examinatrice
  • M. Jean-Yves Dubuisson, Muséum national d’Histoire naturelle, Paris - Examinateur
  • Me. Margareta Tengberg, Muséum national d’Histoire naturelle, Paris - Examinatrice
  • Me. Anaïs Boura, Sorbonne Université, Paris - Directrice de thèse
  • M. Alexis Licht, CEREGE, Aix-en-Provence - Encadrant de thèse
  • M. Dario De Franceschi, Muséum national d’Histoire naturelle, Paris- Invité

Résumé :

La collision indo-asiatique est un évènement géologique largement étudié. Initiée au cours du Paléogène, elle a impacté profondément les écosystèmes asiatiques en favorisant les échanges biotiques entre l’Afrique, l’Inde et l’Asie. Les échanges post-collision du Néogène sont bien documentés, attestant notamment de l’origine gondwanienne (Afrique, Amérique du Sud, Australie, Antarctique, Inde) d’une grande partie des lignées présentes aujourd’hui en Asie du Sud-Est et qui ont transité par l’Inde. En revanche, la temporalité et les modalités de ces échanges biotiques anté- ou syn-collision durant le Paléogène sont bien moins connues, du fait du manque de données pour cette période. Le constat est le même quant à l’évolution du climat et à la mise en place, entre autres, du régime de mousson. Le Terrane Birman, occupant l’ouest de l’actuel Myanmar, a néanmoins révélé de nombreux sites paléogènes et néogènes ayant fournis des restes végétaux. Bloc isolé au cours du Crétacé, il entre en collision avec l’Inde au début du Cénozoïque, puis avec l’Asie. Il se place alors sur la trajectoire des échanges biotiques, et comme région d’intérêt pour suivre les évolutions du climat et de la végétation. Ce travail propose de documenter ces évolutions au cours du Cénozoïque à travers l’étude du bois fossile du Terrane Birman. Jusqu’à présent, seule une trentaine de spécimens ayant une datation fiable était connus. Nous ajoutons ici 97 nouveaux spécimens datés du Paléocène moyen, de l’Éocène moyen, de l’Oligocène inférieur et du Miocène inférieur. Nous verrons que les onze spécimens du Paléocène, dont deux palmiers, arborent une diversité anatomique semblable à celle des flores de l’Inde pour la même période, et indiquent un assemblage d’éléments gondwaniens et laurasiatiques. La persistance dans le temps des éléments gondwaniens sera davantage explorée à travers six taxons de l’Éocène et de l’Oligocène. Ils mettent en avant l’existence d’une Paléo-province Floristique Indo-Myanmar au Paléogène ayant un certain degré d’endémisme d’héritage gondwanien. Ils soutiennent aussi l’existence de deux chemins de dispersion possibles vers le Terrane Birman puis l’Asie : soit un passage intermédiaire par l’Inde, soit par l’arc Trans-Téthysien, servant de tremplins successifs. La province floristique s’est maintenue au moins jusqu’à l’Oligocène et a agi comme une aire de rétention depuis laquelle certains taxons, comme les Dipterocarpaceae, se sont dispersés vers l’Asie, alors que d’autres y sont restés confinés. Dans la continuité de ces résultats, l’ajout de 47 nouveaux spécimens aux assemblages Éocène et Oligocène révèle la présence de morphologies inédites et d’une grande diversité anatomique. Ils soutiennent l’existence précoce d’une alternance marquée entre saisons sèches et humides semblable à la mousson, et la coexistence d’une mosaïque d’écosystèmes ayant favorisée la persistance de lignées végétales variées. Enfin, nous verrons que les 30 spécimens du Miocène contrastent par l’abondance de taxons de climat saisonnier humide, typiques des forêts du Sud-Est asiatique. Cette incursion humide est interprétée comme une intensification du régime de mousson, entrainant des précipitations plus fortes ; l’élévation de la Chaîne Indo-Birmane n’apparaissant pas assez significative pour entrainer des précipitations d’origine orographique. Le Myanmar s’impose donc comme un témoin essentiel de l’histoire biogéographique des écosystèmes forestiers, fortement couplée à celle de l’Inde, et dont l’héritage gondwanien a persisté durant tout le Paléogène. Les climats saisonniers ont favorisé la coexistence d’écosystèmes différents et les échanges floristiques avec l’Asie. Les variations d’intensité de la mousson, cumulées aux changements climatiques du Quaternaire et la mise en place finale des reliefs, ont tardivement rendu distinctes les flores du Myanmar et de l’Inde.

 

Publié le : 22/10/2024 15:22 - Mis à jour le : 22/10/2024 15:44

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