La soutenance aura lieu le vendredi 18 novembre 2022 à 14h00 dans l'amphithéâtre de Paléontologie de la Galerie de Paléontologie et d'Anatomie Comparée (2 rue Buffon 75005 Paris).

Alfred Lemierre

Chronologie de la diversification des Anoures

Composition du jury :
  • M. Michel LAURIN, Muséum national d'Histoire naturelle, Directeur de thèse
  • M. Massimo DELFINO, University of Torino, Rapporteur
  • M. James GARDNER, Royal Tyrell Museum, Rapporteur
  • Mme Annemarie OHLER, Muséum National d'Histoire naturelle, Examinatrice
  • Mme Nadia FRÖBISCH, Museum für Naturkunde, Examinatrice
  • M. Gilles DIDIER, Institut Montpellierain Alexander Grothendieck, Examinateur
  • Mme Annelise FOLIE, Institut royal des Sciences Naturelles de Belgique, Co-encadrante de thèse

Résumé :

Parmi les Lissamphibia, Anura représente le clade le plus diversifié, avec plus de 7500 espèces aujourd’hui reconnues, est présent sur presque tous les continents et environnements. Cette diversité est le résultat d’une longue et riche histoire évolutive, que les datations moléculaires datent à plus de 250 millions d’année. Dans le registre fossile, les anoures sont présents sur presque tous les continents depuis le Jurassique. Cependant, de nombreuses disparités existent entre les continents, les clades d’anoure et les époques. Ainsi, la plupart des clades de néobatrachiens africains n’ont toujours pas de registre fossile, et les débuts de leur diversification et évolution sont mal connus. Même le début de la diversification des Pipidae, un clade endémique d’Amérique du Sud et d’Afrique, est peu documenté sur les deux continents. Ainsi l’histoire évolutive des anoures n’est pas connue en détail, et présentent de nombreuses lacunes. En particulier, la plupart du début de la diversification des clades africains actuels, comme les pipidés et néobatrachiens, reste cryptique. Par conséquent, il est difficile de reconstruire leurs évolutions paléobiogéographiques, et ainsi estimer l’impact des crises biologiques sur ces clades. Les objectifs de cette thèse sont d’améliorer notre compréhension de la diversification des anoures au travers de l’étude des premières diversifications des néobatrachiens africains et des pipidés durant le Mésozoïque et Paléogène. Cette étude se concentre sur deux sites africains, la formation des Kem Kem du Crétacé Supérieur du Maroc et In Becetén, du Crétacé Supérieur du Niger, où pipidés et néobatrachiens ont été mentionnés, mais jamais décrits en détail. De plus, Thaumastosaurus, un ranoide de l’Eocène d’Europe de l’Ouest, a été également étudié grâce à un spécimen exceptionnel, car de précédentes études ont suggéré qu’il pourrait être proche de ranoides endémiques d’Afrique. L’étude des anoures d’In Becetén a révélé la présence d’au moins 7 taxons d’anoures identifiés ce en fait le site le plus diversifiés de l’Afrique Mésozoïque. Parmi les taxons, au moins 4 pipimorphes et probablement 2 néobatrachiens sont présents, montrant que les deux clades sont déjà diversifiés autour du Crétacé Supérieur moyen. La présence d’un néobatrachien dans les Kem Kem et In Becetén repoussent la première occurrence du clade en Afrique de plus de 20 millions d’années. L’étude de Thaumastosaurus confirme ses affinités africaines, en tant que pyxicephalide, un clade endémique d’Afrique. Thaumastosaurus étend les répartitions stratigraphique et géographique du clade et démontre que plusieurs clades endémiques d’Afrique ont pu être présent sur d’autres continents dans le passé. Les analyses phylogénétiques des pipimorphes mettent en lumière l’impact du conflit entre topologies morphologique et moléculaires, sur la position des pipidés éteints. Les estimations des temps de divergence entre les Pipidae et leur group-frère, les Shelaniinae, dépendent des affinités de potentiels pipidés dans le Crétacé Inférieur africain. Si des pipidés sont bien présent en Afrique de l’Ouest (Cameroun), alors la divergence Pipidae/Shelaniinae est estimée autour de 125 Ma, alors qu’elle serait estimée autour de 105 Ma s’ils sont absents. L’émergence des pipidés est suivit par une rapide radiation évolutive sur les 10 millions d’années suivants. Cette radiation pourrait être liée à l’ouverture de l’Océan Atlantique Sud. Toutes les analyses de temps de divergences réfutent les précédentes hypothèses paléobiogéographiques proposant des événements de dispersion transatlantique. De plus, les lignées de pipidés d’Afrique et d’Amérique du Sud ont toutes divergé autour de la transition Crétacé Inférieur/Supérieur, impliquant de longues lignées fantômes pour les clades actuelles. Cette thèse met en évidence que l’Afrique a joué un rôle clé dans les débuts de la diversification des Neobatrachia et Pipidae.

Mots-clés : Anatomie comparée, Fossile, Phylogénie, taxonomie, Anoures, temps de divergence

Publié le : 14/11/2022 14:35 - Mis à jour le : 20/02/2023 11:11

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